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dimanche 15 août 2010

Evra taille patron !

J'avoue avoir bien aimé l'interview de Patrice Evra au Figaro du 9 août 2010.




Extrait :

AFP/Le Figaro

INTERVIEW - Le capitaine des Bleus lors du Mondial sort du silence en exclusivité pour Le Figaro.
Depuis des semaines, il se taisait, encaissait les attaques, en particulier celles de Lilian Thuram. Aujourd'hui, Patrice Evra, capitaine des Bleus lors d'une Coupe du monde de triste mémoire, a décidé de répondre.

LE FIGARO. - Avec Abidal, Ribéry, Toulalan et Anelka, vous avez été déféré devant la commission de discipline de la FFF. Comprenez-vous la décision du conseil fédéral ?

Patrice EVRA.- Je suis surpris, parce que j'avais l'impression que tout le monde voulait tourner la page du Mondial… Il faut penser au futur. Pourquoi nous sanctionner plus que d'autres ? On l'a déjà été. La sanction de ne pas sélectionner les 23 mondialistes pour le match en Norvège est cohérente. Elle montrait qu'il n'y avait pas cinq ou six meneurs, comme cela avait été écrit.

Certains jugent sans doute que vous avez failli dans votre rôle de capitaine…
Les joueurs et le staff connaissent la vérité. J'ai été honnête jusqu'au bout avec tout le monde. J'ai tout donné pour remplir mon rôle de capitaine. Certains m'ont chargé sans savoir ce qui s'était passé. J'ai mis tout mon cœur, voilà le résultat ! Domenech m'a même demandé pardon de m'avoir confié le brassard…

L'attitude des internationaux en Afrique du Sud a choqué en France… Regrettez-vous la fronde du bus ?

Je comprends la déception du public. Je fais mes excuses au public pour le mal que nous avons fait avec l'histoire du bus. À l'issue de notre dernier match contre l'Afrique du Sud, les joueurs ont refusé d'eux-mêmes leur prime (300.000 €). On ne la méritait pas… Il aurait fallu trouver un autre moyen pour signifier notre désapprobation contre l'exclusion injuste de Nicolas Anelka, qui n'était pas le problème majeur mais la goutte d'eau qui a fait déborder le vase… On ne peut malheureusement pas revenir en arrière. Dans notre bun­ker de Knysna, on vivait dans une bulle. On n'était plus dans la réalité. On a pris conscience de la fracture avec le public en recevant des appels de nos proches. Ce qui s'est passé en Afrique du Sud est vraiment grave. La seule chose qui pourra refermer la cicatrice, c'est qu'avec la nouvelle équipe la France se remette à gagner.

Comment en êtes-vous arrivés à cette extrémité ?

Le Mondial a été un véritable cauchemar. On a oublié l'essentiel, plus parlé de problèmes quotidiens que de foot. Mais il n'y avait plus de dialogue avec le coach. Il n'y avait aucune structure collective, ni de projet. Avant le match de préparation contre le Costa Rica, quelques joueurs lui ont demandé de s'impliquer plus, de nous donner plus de consignes. Il s'est senti agressé. Il a refusé l'échange. On a fait tous les matchs de préparation avec un système avant d'en changer pour celui d'ouverture du Mondial contre l'Uruguay. Ce n'était pas cohérent.

Que s'est-il passé dans le vestiaire à la mi-temps de France-Mexique ?

Pendant dix minutes, le coach n'a pas parlé puis, d'un coup, il a dit à Anelka : «Putain, je te dis de rester en pointe mais tu décroches ! » Nico lui a répondu. Il y a eu un échange de mots. Mais pas ceux retranscrits en une de L'Équipe. Je me suis alors levé pour calmer les esprits.

Pourquoi avez-vous estimé son exclusion injuste ?

Après la parution de L'Équipe, le président de la Fédération et le coach m'ont convoqué pour me dire qu'ils étaient dans l'obligation de l'exclure. Je leur ai répondu que ce n'étaient pas ses mots. Tous les joueurs le savaient. Boghossian (l'adjoint de Domenech) a suggéré qu'avec d'autres cadres - Ribéry, Toulalan, Gallas, Henry, Abidal, Govou - on lui demande de présenter des excuses publiques. Nico a accepté de le faire devant le staff et les joueurs mais pas dans les médias puisqu'il souhaitait porter plainte contre L'Équipe.

Est-il exact qu'il a voulu quitter le groupe dès le stage en Tunisie ?

Il se sentait frustré de ne pas pouvoir apporter plus en raison de son positionnement. Il a voulu partir. Je lui dis qu'on avait besoin de lui. Il est resté sans être convaincu…


(...) Fin de citation


Reconnaissons que c'est mesuré et intelligent. Evra admet le principe de la renonciation à la prime, alors même que personne ne l'accuse, lui ni ses coéquipiers, d'avoir asséné un coup de tête à un adversaire. Parce que je continue d'estimer que si Zidane a touché sa prime en 2006, Evra et ses compères méritent de toucher la leur, au nom de l'équité sportive et du principe sacro-saint de l'égalité de tous devant la loi !

Autre chose, sur lequel je reviendrai dans mes "débriefings" : le calme olympien manifesté par Patrice Evra lors de la confrontation filmée qui l'a opposé à Robert Duverne et Raymond Domenech, et qui s'est achevée sur ce geste incroyable d'un Duverne, cadre de l'équipe de France, soi-disant préparateur physique, qui pête le plombs en public et balance dans la nature ce qui devait être un sifflet ou un chronomètre. Quel geste lamentable de la part d'un éducateur ! Et on me dit que ce sont les joueurs qui ont disjoncté ! Du coup, je comprends leur réticence à être entraînés par ce guignol !

Quant à ce faux jeton de Thuram, est-ce parce que sa carrière s'est terminée en catimini qu'il a tant de rancoeur devant le succès des autres ?

Sur ce qu'il a montré, Evra a la carrure idéale d'un capitaine de l'équipe de France, ce que Laurent Blanc devrait admettre sans mal. L'équipe de France a besoin d'un grand capitaine, et pour l'heure, les candidats ne se bousculent pas au portillon. Pour ma part, j'estime stupide de confier le brassard à un attaquant (Thierry Henry par exemple !). Par ailleurs, le capitaine de l'équipe nationale doit être capitaine dans son propre club. Et si Evra est jugé digne de porter le brassard à Manchester U., alors il devrait être le capitaine logique de l'équipe de France. Mais je n'oublie pas l'excellent Benoît Pedretti, à qui l'A. J. Auxerre doit beaucoup !